9 Novembre 2009
A l'heure où l'Europe célèbre la chute du mur de Berlin, de nombreux souvenirs me reviennent en mémoire. Je me souviens des premières secondes du journal télévisé annonçant l'ouverture d'un point de passage entre Berlin Est et Berlin Ouest. Puis sont venues les images de cette foule en liesse prenant d'assaut le mur de la honte armée de simples marteaux. Je me souviens de leurs larmes de joie mais également des miennes.
J'avais 17 ans
J'avais 17 ans et j'étais en Terminale au Lycée Sud. Alors que nous venions d'achever le cours sur la Guerre froide, elle prenait fin en direct sous nos yeux faisant éclater ce monde bipolaire né au lendemain de la Seconde guerre mondiale.
J'avais 17 ans et j'étais de la "génération Mitterrand", cette génération qui portait au revers de sa veste en jean, le badge de Solidarnosc (syndicat polonais de Lech Walesa) à côté de la main de SOS Racisme "Touche pas à mon pote".
J'avais 17 ans et je rêvais d'un nouveau monde. Un monde libéré de la menace de la Guerre Froide. Un monde de paix et de solidarité. Tout nous portait à y croire : la fin du communisme en Europe de l'Est, la libération de Nelson Mandela en Afrique du Sud, la paix dans la péninsule indochinoise, la fin des dictatures honnies d'Amérique latine … L'histoire s'écrivait sous nos yeux.
Me revienne en mémoire, les mots de François Mitterrand lors de ses vœux à la nation : " Nous avons été fiers de fêter cette année le bicentenaire de notre révolution […] et voilà qu'à deux cents ans de distance les mêmes mots, porteurs des mêmes espérances, ont renversé d'autres bastilles là où, en Europe, régnait encore la dictature […] personne n'aurait osé rêver pareille célébration pour un si bel anniversaire".
Qu'avons-nous fait de nos vingt ans ?
Au-delà de la nostalgie, repenser à cette période est douloureux tant nos espoirs ont été déçus. Notre rêve d'un nouvel ordre mondial s'est transformé en ce désordre mondial dans lequel jamais les guerres et les inégalités n'ont été aussi nombreuses et criantes.
La disparition de la chape de plomb du communisme et de la guerre froide a permis le réveil des nationalismes et autres intégrismes avec leur cohorte de conflits et de morts.
L'échec éclatant du système communiste a permis le triomphe du libéralisme et de ses excès : creusement des inégalités, règne de l'argent roi, destruction systématique des ressources de notre planète.
Faute d'être parvenu à mettre en œuvre une gouvernance planétaire, notre espoir d'un monde meilleur a volé en éclats …
Il y a vingt ans, "personne n'aurait osé imaginer une pareille célébration pour un si bel anniversaire".