5 Mai 2016
« Lorsque l'on adhère à ce à quoi on croit, on développe sa liberté », Roland BECDELIEVRE
De condition ouvrière : Avec un père cheminot, Roland devait nécessairement devenir cheminot. C'est la règle à une époque où les métiers vont de père en fils. Orphelin de son père à 9 ans, il est apprenti dans un atelier de réparation de wagons pendant la guerre et après une formation professionnelle sérieuse à la Joliverie à Nantes, il rentre à la SNCF à 18 ans comme ajusteur électricien à Nanterre.
Syndicaliste chrétien ouvert et tolérant : Engagé au sein du mouvement de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne dans les années 1947, il adhère très tôt à la CFTC et sera de ceux qui conduiront la transformation de la CFTC en CFDT au nom d'une laïcité ouverte et tolérante. Comme responsable d'un syndicat, il est de ceux qui pensent que le syndicalisme est une voie permettant à des gens simples d'accéder à des responsabilités. A partir de l'expérience du terrain, il sera l'un des partisans de la novation sociale sur les questions de relations et de la durée de travail. Il souhaite que le syndicalisme ne se limite pas à la revendication mais qu'il constitue une force de propositions. Il regrette souvent que les revendications corporatistes l'emportent sur des intérêts interprofessionnels.
Ce breton de souche s'installe au Mans en 1948 et ne quittera plus la Sarthe. En 1954, il se marie avec une Sarthoise.
Un pionner de l'écologie et du développement économique : Roland BECDELIEVRE sera un des premiers à se battre contre les positions productivistes et à plaider pour une nouvelle forme de croissance.
Aux écoles normales ouvrières de la CFDT où l'on invite Pierre MENDES-FRANCE et Michel ROCARD avec tous ceux de 1968, il s'interroge sur la société de consommation, la productivité. Il s'engage contre la force de frappe et sera un opposant au "tout-nucléaire". Il est partisan de l'autogestion et de la planification démocratique de l'économie.
Pragmatique comme syndicaliste, il sera membre du premier Comité Régional d'Expansion Économique.
L'élu local : En 1974 après un passage par les groupes d'actions municipales et par le club objectif socialiste animé par Robert BURON, il adhère au Parti Socialiste et devient en 1977 Président de la Communauté Urbaine dans le cadre de la liste d’Union de la gauche conduite par Robert JARRY.
Il saura alors assumer avec humour les contradictions du gestionnaire par rapport au défenseur qu'il était hier, des intérêts des travailleurs. Il entend souvent dans les rencontres "alors Roland, tu es devenu Patron".
Abandonnant la Présidence de la Communauté urbaine en 1983 au profit de Jean-Claude BOULARD, il restera Conseiller municipal et communautaire du Mans jusqu’en 1995. Artisan du développement des transports collectifs au Mans, il prend la présidence de la SETRAM dont il favorise le développement de la fin des années 70 à la fin des années 80.
En 1982, il est élu Conseiller Général du nouveau canton Le Mans Ouest. Il y sera largement réélu en 1988 (62% des voix) et 1994 (58% des voix). Il est au sein de l'assemblée départementale un avocat actif du thème de la complémentarité entre la ville et la campagne et assure jusqu’en 2001 la Présidence du groupe des élus de Gauche et Républicains.
Tête de liste aux élections régionales de 1992, il devient, pour un mandat, l’unique représentant socialiste sarthois au Conseil régional des Pays de la Loire où il se fait l’inlassable défenseur des intérêts de la Sarthe, fidèle à son slogan de campagne : la Sarthe d’abord en Pays de la Loire ».
Retiré de la vie politique depuis 2001, il était resté un acteur engagé dans la vie de la cité notamment à travers son engagement associatif au sein de « Fête l’Épine », le quartier où il résidait et dans lequel il s’est subitement éteint la nuit dernière.
Parfois provocateur, parlant toujours vrai, quelquefois imprévisible mais toujours sincère et disponible aux difficultés et à la misère des autres, Roland BECDELIEVRE, c'est l'exemple même d'un engagement authentique.