13 Décembre 2009
Depuis plusieurs jours, le débat sur la place de l'enseignement de l'Histoire - Géographie au lycée fait rage suite à la décision ministérielle de supprimer cet enseignement en classe de Terminale scientifique.
Au premier regard, on pourrait être séduit par cette proposition car d'après ses promoteurs elle permet de renforcer l'enseignement des matières scientifiques en Terminale sans pour autant désavantager l'Histoire - géographique qui disposerait de 4 heures au lieu de 2h30 en classe de première avec une évaluation comptant pour le baccalauréat à l'issue de la classe de première comme c'est le cas pour le Français depuis de nombreuses années.
A y regarder de plus près, cette proposition ressemble pourtant à une belle escroquerie intellectuelle.
Tout d'abord, cette proposition revient à supprimer une heure d'enseignement puisque les élèves de la série S disposent actuellement de 2h30 de cours en Première et Terminale soit un cumul de 5 heures. Après, le gouvernement ose dire qu'il ne souhaite pas faire d'économies à travers cette réforme.
Ensuite, cette proposition revient à supprimer pour les élèves de Terminale un des instruments essentiels à la compréhension du monde d'aujourd'hui. Cette discipline est fondamentale car elle étudie les rouages politiques, culturels, sociaux et économiques dans lesquels le citoyen va évoluer toute sa vie. L'histoire et la philosophie sont les éléments fondateurs de la compréhension du monde et de la démocratie. Ce n'est pas en cours de chimie, de mathématiques ou de biologie que les élèves se familiariseront avec l'ensemble de ces enjeux. Et puis, quelle idée ridicule de cantonner les terminales S aux seules questions scientifiques. Bien des lycéens ne feront pas, ensuite, carrière dans ce domaine. Les priver d'Histoire serait une grande erreur.
Enfin alors que les programmes d'Histoire -géographique du cycle Terminal sont déjà trop copieux, les comprimer en une seule année est impensable, sauf à « gaver » les élèves.
Bien entendu, beaucoup penseront que je réagis de façon corporatiste en défendant avant tout ma chapelle ; pourtant, ce n'est pas l'enseignant qui parle mais le simple citoyen qui souhaite exprimer sa colère et sa stupéfaction.
A mon sens, une réforme de l'Histoire - Géographie est cependant possible. Elle consisterait d'abord à alléger le contenu de l'enseignement tout en rénovant complètement le mode d'évaluation des élèves au baccalauréat. En effet, aujourd'hui les différentes épreuves proposées aux candidats visent avant tout à mesurer les connaissances au détriment du raisonnement. Si bien que l'enseignement consiste avant tout à apporter aux élèves ces fameuses connaissances indispensables au moment des épreuves. L'enseignant cours alors après le temps pour boucler ce fameux programme. Il serait pourtant bien plus productif de travailler davantage sur le fond, d'amener les élèves à davantage de réflexion en lien avec l'actualité afin de développer à la fois leur compréhension du monde et leur sens critique. Mais cela c'est une autre histoire …