Le Blog-notes de Christophe COUNIL

"Ils peuvent brûler des murs, ils ne peuvent pas détruire un Collège"

Les évènements de la semaine passée ne m’ont pas laissé beaucoup de temps pour la publication de nouveaux articles sur le Blog-Notes. Je vais donc profiter de ces quelques jours de repos, pour revenir avec vous, sur la façon dont j'ai personnellement vécu l’incendie du Collège Val d’Huisne.

 

Mardi 19 octobre – 2h00 du matin

Lorsque le téléphone sonne en pleine nuit, c’est rarement pour une bonne nouvelle. Cette nuit ne fit pas exception à la règle, le Directeur général adjoint des services de la Ville du Mans vient de me sortir des bras de Morphée pour m’annoncer un départ de feu au Collège du Val d’Huisne aux Sablons et réclamer ma présence sur place. Le temps de sauter dans un jean et un pull, me voici donc sur la route pour rejoindre le quartier de l’Épau. Je retrouves sur place ma collègue Jacqueline PEDOYA, le principal de l’établissement, les responsables du Conseil général, l’Inspecteur d’Académie et les autorités préfectorales.

 

Je crois que je n’oublierai jamais cette longue nuit et cette vision des flammes ravageant un collège, lieu pour le moins symbolique pour un élu de la République et encore plus un enseignant. C’était la première fois, que j’étais appelé à intervenir sur une opération de crise. Appel téléphonique au Maire, sécurisation du site pour empêcher les curieux d’approcher, organisation du travail de prévention des agents SPI autour de l’immeuble HLM le plus proche des flammes … j’ai pu apprécier l’action efficace des agents de la collectivité.

 

Val d'Huisne - la salle internet-copie-1

Je préfère cette image du Collège avant l'incendie

à toutes photos de la carcasse incendiée de l'établissement

 

Toutefois, très vite nous ne sommes plus que les spectateurs impuissants de cet incendie dont l’origine criminelle ne fait aucun doute. Le collège est en train de disparaître sous nos yeux malgré les efforts déployés par les Sapeurs pompiers de la Sarthe. Une mini-réunion de crise sur place nous permet de tracer les premières ébauches de la renaissance du collège notamment autour de ma proposition d’ouvrir dès 7h30 la Maison de quartier Edith Piaf pour accueillir élèves, parents et enseignants.

 

Mardi 19 octobre – 9h00

Le temps de repasser à la maison prendre une douche permettant d’effacer cette odeur tenace de brulé, je suis de retour sur le quartier des Sablons. Les décombres du collège fument encore tandis que les familles et les enfants commencent à quitter les larmes aux yeux la maison de quartier avec un message très clair : « nous voulons rester ensemble et unis, nous ne voulons pas aller dans d’autres collèges, nous voulons garder nos enseignants car on aime notre Collège et on s’y sent bien ». Quelle formidable message d’espoir que le Maire résume par une de ces formules dont il a le secret  « Ils peuvent brûler des murs, ils ne peuvent pas détruire un Collège ! » Mais comment s’y prendre. Plusieurs pistes sont évoquées : école désaffectée de Bellevue, ancienne école de Gendarmerie, accueil dans d’autres établissements … les idées fusent de toutes parts.


Mardi 19 octobre – 11h00

Arrivée sur place de Luc CHATEL, ministre de l’Éducation nationale accompagnée d’une horde de journaliste bousculant tout le monde sur son passage et allant jusqu’à blesser une de leurs collègues du Maine Libre. Je ne voyais pas l’utilité de sa venue d’autant plus que sur place, un député UMP commençait à expliquer que cet incendie était lié aux blocus des établissements scolaires par les manifestants contre la réforme des retraites. Je dois dire que j’ai été agréablement surpris par Luc Chatel qui a d’emblée rejeté tout amalgame entre cet acte criminel et les manifestants et tenu à témoigner la solidarité de la nation.

 

Vlad d'huisne 4

 

Mardi 19 octobre – 14h00

Réunion de crise dans le bureau du Maire. Nous décidons alors de renforcer nos propres moyens de surveillance sur les quartiers de notre ville en mobilisant les équipes du Service Tranquillité Publique et de SPI et travaillons sur un possible relogement du Collège dans les écoles du quartier où des salles de classes sont disponibles.

 

Mardi 19 octobre – 15h30

Réunion de crise à la Préfecture en présence de l’ensemble des acteurs du dossier avec le même ordre du jour : sécurisation de la Ville alors que des rumeurs de nouveaux incendies circulent sur les réseaux sociaux internet et continuité du Val d’Huisne. L’occasion pour le Maire, Jacqueline PEDOYA et moi-même de relayer les attentes de la communauté éducative du Collège : maintien de l’unité du Collège et reconstruction d’un nouvel établissement.

 

Mercredi 20 octobre

Quel plaisir de se retrouver à nouveau sur le site de l’Épau. La salle de la maison de quartier est pleine de collégiens venus travailler avec leurs enseignants. Les murs de la salle se tapissent de dessin et de poèmes à la gloire du Collège Val d’Huisne. La formule du Maire prend alors toute sa force : « Ils ne peuvent pas détruire un collège ».

 

Val d'Huisne - Piaf-copie-1


L’après-midi permet par ailleurs d’y voir plus clair sur la manière d’assurer la continuité de l’établissement. Très vite, l’idée de regrouper l’ensemble du collège dans les locaux libres de la SEGPA du Collège Les Sources fait son chemin. Lors d’entretiens téléphoniques assez tardifs avec l’Inspecteur d’Académie et le Principal du Collège Les Sources, je fais part de mon accord avec cette proposition et demande une réunion exceptionnelle du Conseil d’Administration des Sources au sein duquel je représente le Conseil général depuis 1998.

 

Jeudi 21 octobre – 10h00

Après un détour par le studio de France Bleu Maine, je suis de retour aux Sablons pour une réunion exceptionnelle de la Cellule de veille du quartier réunissant l’ensemble des professionnels de l’action sociale, culturelle et éducative du secteur ainsi que les principaux acteurs associatifs. Pas un seul absent … l’ensemble du quartier et des acteurs sont présents pour témoigner de leur solidarité et de la volonté de voir renaître le Collège sur le site de l’établissement détruit. Chacun est mobilisé pour qu’un traumatisme ne vienne pas s’ajouter au traumatisme de l’incendie. On parle alors beaucoup de prévention et d’animation.

 

Jeudi 21 octobre – 18h00

Réunion exceptionnelle du Conseil d’administration des Sources en présence de l’Inspecteur d’Académie et du Principal du Val d’Huisne. Au nom de la Solidarité, je demande au CA de voter l’accueil du Val d’Huisne dans ses murs. La discussion de rassurer chacun et de trouver des solutions aux problèmes évoqués. Je prends notamment l’engagement d’être présent le jeudi 4 novembre au matin pour pouvoir me faire l’écho d’éventuelles difficultés auprès du Conseil général.

 

Vendredi 22 octobre – 10h00

Avec l’ensemble de mes collègues Conseillers généraux de Gauche, nous participons à la marche contre la violence dans le quartier des Sablons. Les enfants martèlent des slogans qui font chaud au cœur « Val d’Huisne on t’aime », « On a de bons professeurs », « On veux réussir » … Au moment des prises de paroles, je me fait le porte-parole du Collège Les Sources pour dire aux jeunes du Val d’Huisne, qu’ils sont attendus avec impatience par leurs camarades des Quartiers Sud.

 

Vlad d'huisne 5

 

Vendredi 22 octobre – 11h30

Retour au Conseil général pour voter à l’unanimité une délibération prévoyant l’accueil provisoire du Collège Val d’Huisne aux Sources, l’engagement des travaux permettant le retour du Collège aux Sablons dès la rentrée de septembre 2011 et surtout sa reconstruction dans les années qui suivront. L’occasion pour Jacqueline PEDOYA et moi-même de remercier l’ensemble des acteurs de ce dossier et de souligner le traitement exemplaire de ce dossier par le Conseil général et ses partenaires : État, Inspection d’Académie, Ville du Mans …

 

« Ils peuvent brûler des murs,

ils ne peuvent pas détruire un Collège ! »

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B
<br /> Un retour en septembre, c'est court comme délai !<br /> Espérons que les assurances jouent leurs rôles, et qu'on trouve les fautifs.<br /> <br /> Il faudrait reconstruire un collège plus solide : ce type de construction avait déjà subi un incendie à Paris dans les années 70/80. C'était en journée, le bilan a été terrible !!<br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> C'est le temps qu'il faut pour déblayer le terrain et installer des classes provisoires en préfabriqués. La reconstruction en dur prendra plus de temps.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> C'était en effet un établissement à structure métallique qui résiste assez très mal au feu. Toutefois, il était aux normes de sécurité incendie et d'ailleurs un exercice récent avait montré qu'il<br /> fallait un peu plus de 2 minutes pour une évacuation totale.<br /> <br /> <br /> <br />