12 Avril 2023
Le 16 février dernier, le journal Ouest-France a publié une longue enquête sur la politique d'urbanisme du Mans. A cette occasion, le journal avait publié un entretien que je vous propose de redécouvrir avec les articles qui l'accompagnait.
« On va redresser la ville plutôt que de la densifier horizontalement », explique Christophe Counil, maire adjoint en charge de l’urbanisme au Mans (Sarthe) et sur la métropole.
Le Mans, comme toutes les villes et métropoles, doit prendre sa part dans la préservation de l’environnement. Constructions d’habitats, de bureaux, aménagement des quartiers… Une révolution technique et visuelle est déjà en marche dans la capitale sarthoise. Après le tramway, coups de projecteurs sur les projets qui vont marquer la décennie à venir.
Constructions et agencements d’habitats, de bureaux, évolution des quartiers et des espaces verts… Le Mans, Ville du futur, a depuis quelques années, commencé sa mue sous l’impulsion d’obligations légales. Et, dans le souci de garder la main, fait émerger une cité cohérente, moderne et davantage tournée vers sa rivière.
Une mutation s’engage au Mans, explique Christophe Counil, adjoint au maire du Mans chargé de l’urbanisme et conseiller de Le Mans métropole en charge des Grands projets d’urbanisme, avec davantage de logements collectifs et des immeubles plus hauts, afin de limiter l’étalement urbain et l’artificialisation des sols.
2030, c’est demain. Comment la Ville du Mans et sa métropole se préparent-elles aux défis climatiques et environnementaux ?
Pour répondre à cette question, il faut d’abord avoir à l’esprit la cartographie de la ville. Le Mans (53 km2) est très étalée. En superficie, elle est aussi grande que les villes de Lyon (47 km2) et de Bordeaux (49 km2). Également, c’est l’une des villes de France qui compte le plus de maisons individuelles. Cela se traduit par des kilomètres de réseaux de voiries à construire et à entretenir, alors que Le Mans, pour financer ces installations, ne compte pas autant d’habitants que ces deux villes (Le Mans compte 143 000 habitants, Bordeaux 250 000, Lyon 520 000).
Le « desserrement » des ménages est un autre paramètre factuel à prendre en compte ?
Il y a 20 ans, on comptait 2,3 personnes par logement. Aujourd’hui, c’est 1,94. Il y a au Mans, comme dans d’autres villes, de moins en moins de monde dans les habitations. Il y a de plus en plus de familles monoparentales, de célibataires, de veuvages. Et beaucoup moins de familles nombreuses. Il faut désormais penser la ville de demain de façon nouvelle pour répondre aux besoins de logement lié à ce phénomène.
Fini les maisons individuelles avec jardin tant sollicitées aux déconfinements ?
Nos prédécesseurs achetaient des champs pour construire. Nous, nous achetons des friches : locaux commerciaux, industriels, tertiaires. Même des logements privés avec beaucoup de terrain. La ville préempte, achète et ne revend qu’une fois le projet architectural avec le promoteur validé. Une façon de garder la main sur la cohérence urbanistique de la ville.
Le service urbanisme de Le Mans Métropole s’est lancé dans une chasse au foncier, grâce à un inventaire mis à jour tous les deux ans, permettant de surveiller les évolutions foncières et pouvoir demain reconstruire la ville sur elle--même. On va redresser la ville plutôt que de la densifier horizontalement. On construira moins de logements individuels, mais plus de collectifs. On montera jusqu’à huit-neuf étages. Et cela, dans tous les quartiers de la ville.
Sous la pression des riverains, parfois, vous avez dû faire marche arrière sur des projets immobiliers également en contradiction avec la politique d’urbanisme de la Ville ?
Oui, afin de stopper l’étalement du Mans et l’artificialisation des terres. Nous avons supprimé la ZAC des Fontaines aux Ardriers, la ZAC Rougemont (Université), la ZAC du Fouillet au sud du Mans et divisé par deux le nombre de logements zone de La Cartoucherie. En termes de logements, ce sont deux mille habitations qui ont été supprimées.
Sur le plan architectural, Le Mans n’est pas aussi Innovant qu’Angers dites-vous. Quelles solutions pour redonner de l’esthétisme à la ville ?
Cette année, nous lancerons une étude afin de réaliser un plan guide sur le centre-ville du Mans, sa rivière et ses bords de Sarthe si peu exploités. Des urbanistes extérieurs nous aideront à mettre tous nos projets immobiliers en cohérence. On s’intéressera particulièrement à ces zones en déshérence : la rue Nationale, la gare nord (La Manutention, l’avenue Leclerc), la rue Gambetta, la place des Comtes-du-Maine… Il s’agira de redonner du dynamisme à l’hypercentre. Angers, en effet, dispose de davantage de bâtiments innovants. Les architectes qui ont travaillé au Mans par le passé étaient bridés. Aujourd’hui, je leur dis « Allez-y ! Lâchez-vous ! ». J’aime le siège de Oui Care à la gare. Un bâtiment bien dans son temps.
Entretien réalisé par Véronique GERMOND, Ouest-France et publié le 16 février 2023