8 Juin 2011
Déclaration de la Fédération Nationale des Associations d'Accueil et de Réinsertion Sociale à laquelle je souscris en totalité.
Depuis plusieurs semaines, l’UMP dénonce l’assistanat et s’en prend aux allocataires du RSA. Aujourd’hui, certains envisagent de rendre le travail obligatoire et de sanctionner ceux qui ne s’y plieraient pas. Faut-il rappeler que l’Organisation internationale du travail (OIT) considère que la « participation obligatoire à des travaux publics » s’apparente à du travail forcé : « Une relation de travail devrait être librement consentie et exempte de menaces. »
En s’en prenant aux allocataires du RSA, l’UMP oublie de parler de tous les dysfonctionnements, les retards de paiement, les calculs erronés de cette allocation difficile à évaluer, toutes les incertitudes qui pèsent sur les personnes, car elles ne savent jamais combien elles vont toucher, lorsqu’elles travaillent un mois 20 heures, l’autre 60, et le troisième pas du tout. Et pourtant, elles sont plus de 600.000 à travailler et à toucher le RSA activité… A croire qu’elles partagent elles aussi l’ambition que le travail est une valeur positive !
Pourquoi ne pas proposer un véritable travail ? La vérité est que peu d’offres sont proposées et que très peu d'allocataires les refusent (ils seraient radiés s'ils en refusaient plus de deux).
Nous comptons 1,1 million de personnes touchant le RSA sans emploi. Nous comptions aussi 1,1 million de personnes au RMI en 1999 (sources CNAF). En douze ans, le chiffre est resté le même ! Pourtant, entre temps, la crise économique est passée par là et le chômage a grimpé en flèche.
Les allocataires du RSA sont des personnes en difficulté : des mères seules avec de jeunes enfants, des personnes ayant des problèmes de santé, des chômeurs, notamment en zones de désertification industrielle qui ont épuisé leur droit à indemnisation, etc. Ils sont allocataires du RSA parce qu'ils ne parviennent plus à accéder à l'emploi, et non parce qu'ils ne le veulent pas. Seules 600 000 personnes touchent aujourd’hui le RSA tout en exerçant une activité alors que le dispositif en prévoyait initialement trois fois plus.
Cette sous-utilisation montre, d’une part, qu’il n’y a pas suffisamment d’emplois aujourd’hui pour permettre au RSA de répondre à son objectif de départ : garantir un retour à l’emploi suffisamment rémunérateur pour sortir les personnes de la pauvreté. Elle montre aussi que beaucoup de personnes qui y auraient droit ne demandent pas le RSA, de peur justement d’être stigmatisées.
L'accompagnement qui devait être assuré par Pôle emploi, organisme totalement débordé, est totalement insuffisant pour permettre aux personnes de retrouver un emploi après avoir réglé les multiples problèmes qui font obstacle à cette reprise : problèmes de santé, de logement, de mobilité, de formation, de garde d’enfants… Or, l’expérience des associations d’insertion montre qu’une personne sur deux retrouve un emploi ou une formation lorsqu’elle est sérieusement accompagnée. C’est donc sur cet accompagnement que doit porter l’effort.
Il y a bien sûr des améliorations à apporter au RSA. Mais, l’accompagnement des personnes vulnérables est un enjeu essentiel pour l’avenir de notre pays qui mérite autre chose que des positions idéologiques fondées sur des données fausses.