13 Janvier 2010
Le 19 novembre dernier, j'avais organisé en partenariat avec la section Le Mans Sud du Parti Socialiste une réunion thématique sur le rapport entre les Socialistes et le monde de l'entreprise avec la présence de Samuel CHEVALLIER, Président départemental du MEDEF.
La réunion a débuté par un brillant exposé de Nicolas LANDY (secrétaire fédéral du PS à la formation) rappelant l'évolution des relations entre les patrons et le monde ouvrier depuis les premiers temps de la Révolution industrielle. Sa démonstration, relayée ensuite par Guy BEAUNÉ (secrétaire fédéral du PS aux entreprises) montrait que depuis les années 70, la valeur "Travail" n'a pas cessé de perdre de son importance au profit de la valeur "Capital" sous les effets conjugués de la crise économique, du chômage, de la modernisation de l'outil de production, des délocalisations et de l'émergence du capitalisme financier.
De gauche à droite : Samuel CHEVALLIER, Christophe COUNIL,
Guy BEAUNÉ et Nicolas LANDY
Chef d'entreprise (Super U de Parigné l'Évêque), Samuel CHEVALLIER a pris récemment la Présidence départementale du MEDEF. Il avait répondu sans aucune hésitation à notre invitation, soucieux d'ouvrir le MEDEF vers l'extérieur. Pour lui, l'économie ne peut fonctionner que si elle parvient à un équilibre entre le chef d'entreprise, les salariés et les clients. Cet équilibre n'existe plus aujourd'hui du fait de plusieurs raisons qui sont à la fois liées à l'importance prise par la spéculation financière au détriment de la valeur "Travail", à certains règlements ne facilitant pas toujours la vie des entreprises (35 heures) ou encore aux pressions trop fortes exercées sur les salariés. Pour lui, le chef d'entreprise doit redonner du sens au travail dans le cadre d'une entreprise qui est avant tout le résultat d'un collectif.
Autant dire que son discours a profondément surpris et séduit nombre des participants qui n'ont toutefois pas hésité à mettre en avant l'abîme existant entre son discours progressiste et les prises de position du Medef soutenant et initiant des réformes qui ne vont pas dans le sens des salariés.
Le débat a permis de mettre en avant plusieurs propositions novatrices comme par exemple la nécessité de développer d'autres formes de financement des entreprises: Les placements équitables, l'actionnariat salarié ou la participation des collectivités locales au capital des entreprises peuvent notamment permettre de libérer les entreprises de ce capitalisme financier qui les étouffe.
De même, Stéphane LE FOLL a rappelé que dans un monde globalisé, les politiques nationales sont insuffisantes et que l'Europe peut jouer un rôle plus important en étant par exemple le fer de lance de la fiscalisation des profits financiers.
Samuel CHEVALLIER a conclu la soirée en rappelant que s'il est minoritaire au sein du MEDEF, rien ne dit qu'il le restera. Pour lui, il est important de sortir de cette relation binaire qui veut que le patron soit forcément le méchant de service. Quant au poids trop important pris par le capitalisme financier, il estime que c'est avant tout le rôle du Politique de remettre de la raison dans le système afin de retrouver l'équilibre entre salarié et entreprise.