1 Avril 2009
Comparaison n'est pas raison. Mais, depuis quelques mois, analystes et commentateurs se réfèrent à la "crise de 1929". Y a-t-il des points communs avec celle que l'on vit ? Peut-on s'inspirer des réponses qui furent alors apportées ? Echapperons-nous aux drames et souffrances qu'elle a engendrés ? L'Histoire ne se répète pas mais il arrive qu'elle bégaie. Il n'est pas inutile de l'approcher pour regarder notre présent.
La crise de 29 part encore de l'Amérique. Depuis 1926, on peut acheter des actions à crédit. Les investisseurs et boursicoteurs se précipitent. Mais trois ans plus tard, le remboursement des intérêts est supérieur aux gains boursiers. Pour payer il faut vendre des titres... comme aujourd'hui les maisons pour les fameux "subprimes". La crise part encore de l'endettement. La production automobile chute d'un tiers dans l'année 29. On s'y croirait !
La même année, deux hommes, deux ministres des Affaires étrangères, deux Prix Nobel 1926 font preuve d'une étonnante clairvoyance : Aristide Briand pour la France, Gustav Stresemann pour l'Allemagne. Tous deux s'adressent en septembre 1929 à l'Assemblée de la Société des Nations et préconisent la création d'une Fédération européenne.
Aristide Briand : « Je pense qu'entre les peuples qui sont géographiquement groupés, comme les peuples d'Europe, il doit exister une sorte de lien fédéral ; ces peuples doivent avoir à tout instant la possibilité d'entrer en contact, de discuter leurs intérêts, de prendre des résolutions communes, d'établir entre eux un lien de solidarité, qui leur permette de faire face, au moment voulu, à des circonstances graves, si elles venaient à naître. »
Malheureusement, la crise économique des années 30 et l'arrivée des nazis au pouvoir en Allemagne balaient cette proposition novatrice. On connaît la suite ...
Aujourd'hui seize pays ont la même monnaie. Où en serions-nous s'il y avait seize monnaies différentes ? L'euro est protecteur. Ceux, qui en 1992 n'en voulaient pas, feraient bien d'y réfléchir. Personne ne souhaite de crise. Quand elle est là, mieux vaut la traverser avec l'Europe que sans l'Europe.
D'après un texte de Bernard Poignant, Député européen