3 Novembre 2022
Le vendredi 21 octobre, lors de la Commission permanente du Conseil départemental, les élus de gauche se sont opposés à deux rapports concernant la politique départementale en matière d’éducation.
À l’image du projet de bracelets connectés ayant donné lieu à un impressionnant rétropédalage de la majorité départementale, ces deux rapports sont marqués par une absence de concertation qui nous laisse penser que la majorité souhaite avant tout escamoter le débat.
Un obscur mode de calcul de la dotation de fonctionnement des collèges.
Le premier rapport visait à modifier le calcul de la dotation de fonctionnement allouée à chaque collège public par le Conseil départemental.
Nous ne pouvons que déplorer l’absence totale de transparence dans ce dossier. En effet, le nouveau calcul repose sur une distinction entre collège urbain, rural et éloigné sans autres précisions. Par exemple, les collèges de La Flèche, Sablé-sur-Sarthe ou La Ferté-Bernard sont-ils des collèges urbains ou ruraux ? Quels sont les collèges dits éloignés ?
Par ailleurs, le rapport propose d’attribuer un « bonus social » à certains établissements. Lesquels ? Sur quels critères ? Là encore, l’imprécision est patente.
Enfin que dire du versement d’un forfait unique aux établissements accueillant des élèves allophones, qu’ils soient 1 ou 20 dans l’établissement alors que le précédent mode de calcul tenait compte du nombre d’élèves.
Lors de la présentation de ce rapport il y a quelques semaines, nous avions demandé à connaître les simulations de financement par établissement mais elles ne nous ont jamais été communiquées.
En toute logique, nous ne pouvions pas donner notre accord à ce rapport alors même que toutes nos questions restaient sans réponse. Pourquoi tenir les élus dans l’obscurité ? La majorité aurait-elle des intentions cachées ?
Une posture idéologique contre la tarification sociale de la restauration scolaire.
Le deuxième rapport concernait les tarifs de la restauration scolaire des collèges publics. Nous ne pouvons que regretter que la majorité départementale ait à nouveau refusé d’étudier sérieusement la mise en place d’une tarification sociale pour la restauration scolaire des collégiens sarthois ; c’est-à-dire une tarification selon les revenus des parents.
Il convient tout d’abord de rappeler qu’en dix ans, les tarifs pratiqués ont augmenté de 20% quand l’inflation s’établissait à 13%. Ils augmenteront à nouveau de 7% au 1er janvier 2023. Un mauvais signal envoyé aux familles par la majorité départementale. Mais le point sur lequel nous sommes le plus fermement en désaccord avec la majorité départementale, c’est le maintien du système actuel de tarification qui ne prend pas en compte les revenus des parents. Il est inacceptable d’entendre que le tarif unique serait le garant de l’équité d’accès, c’est même l’exact contraire ! Tout au plus, s’agit-il d’une égalité aveugle des inégalités et cruelle dans ses effets d’éloignement des publics les plus défavorisés. Il est du devoir d’une collectivité comme la nôtre d’étudier très sérieusement cette question. Si payer la cantine n’est pas un souci pour les familles les plus aisées, c’est un effort conséquent voire irréalisable pour les familles modestes.
Dans sa réponse, la majorité départementale évoque un tarif minoré pour les élèves boursiers. Cela n’est pas satisfaisant. Avec ce système, une personne travaillant au SMIC et élevant seule un enfant ne peut prétendre à aucune aide. De même, comment expliquer la très faible part de collégiens profitant de la restauration scolaire dans les quartiers populaires ? Oú est la justice sociale ?
Nous devons permettre à chaque enfant de manger au moins un bon repas équilibré par jour, c’est une mesure de protection de l’enfance, d’égalité des chances et de justice sociale. De très nombreuses collectivités le font alors pourquoi pas le Département de la Sarthe ?
C’est pourquoi nous avons voté contre l’augmentation des tarifs de la restauration scolaire et le maintien du mode de calcul actuel qui ne tient pas compte des inégalités sociales qui frappent si durement les Sarthois.