3 Mars 2019
Alors que les chemins de fer se développent (le train arrive au Mans en 1854), Jules CAREL et Ernest FOUCHÉ s’associent en 1872 pour créer une société intitulée « Carel - Fouché » avec comme objet la fabrication des poteaux et traverses nécessaires aux chemins de fer.
En 1880 débute la construction d’une usine dans le quartier du Miroir au Mans pour la construction de matériel roulant de chemin de fer. Lors de son ouverture, l’usine emploie 152 personnes. La 1ère voiture (wagon) à voie étroite sort des ateliers la même année.
Au début du XXème siècle, l’entreprise Carel et Fouché est actionnaire des réseaux des Tramways de la Sarthe pour lequel elle construit des voitures « voyageurs » à deux essieux.
Progressivement, les ateliers s’agrandissent et l’entreprise diversifie sa production. Elle obtient, notamment, le marché de réparation de matériel ferroviaire après la 1ère guerre mondiale. En 1934, l’usine du Mans compte 300 employés.
Pendant la Seconde guerre mondiale, une partie de l’entreprise est réquisitionnée par les Allemands pour fabriquer notamment des ailles d’Arrado (chasseurs de sous-marins) qui sont expédiées vers les Pays-Bas pour assemblage.
L’après-guerre est marqué par une modernisation des installations mancelles en partie financée par les indemnités versées suite aux dommages causés à l’usine de Petite Synthe (proche de Dunkerque) pendant la guerre. En 1948, l’usine emploie 650 personnes et fabrique une voiture prototype pour la SNCF. Progressivement, l’usine continue son extension. Les embauches se poursuivent pour atteindre plus de 1 000 salariés au plus fort des Trente glorieuses.
L’usine marche à plein rendement et travaille à l’international. Des voitures quitteront Le Mans pour rejoindre les chemins de fer du Pakistan, de Madagascar, du Luxembourg, des Pays-Bas, d’Algérie ou encore du Brésil ou du Venezuela.
Les mutations industrielles et les regroupements d’entreprises dans le secteur ferroviaire ont finalement raison du site manceau qui ferme ses portes en décembre 1987 après plusieurs mois de luttes ouvrières.
En 1989, les bâtiments de l’entreprise sont progressivement détruits pour laisser place à un nouveau quartier mixant logements individuels et collectifs.
Une partie du site est réservée pour la construction d’un nouveau lycée par le Conseil régional des Pays de la Loire. Le lycée Yourcenar ouvre ses portes à la rentrée de septembre 1990. La Ville du Mans y adjoint la construction du Gymnase Jean Rondeau.
L’association Carel Fouché 72 qui rassemble les anciens salariés de l’usine souhaite promouvoir ce passé industriel. A ce titre, elle vient de réaliser une maquette de l’usine ayant nécessité plus de 900 heures de travail. Cette maquette destinée au musée du train de Semur-en-Vallon a sur ma proposition été présentée aux élèves du lycée Yourcenar durant la semaine passée.
Une quinzaine de classes ont ainsi pu découvrir ce patrimoine historique qui prouve qu’une ville se reconstruit en permanence sur elle-même. Les échanges entre les lycéens, les enseignants et les membres de l’association ont été riches et passionnants. Merci aux bénévoles pour cette belle action de promotion du passé industriel de notre ville.