13 Juin 2018
"Perdre, la plupart des gens n'y arrivent pas, cela les brise. Quand tu y arrives cela te rend puissant. Perdre, c'est aussi être libre"
De nombreux messages de sympathie
« Depuis mercredi soir, j’ai reçu plusieurs centaines de messages de gens qui ne comprennent pas ce qui s’est passé. Pour une partie d’entre eux, ils ressentent une injustice, voire une certaine colère même, en disant que finalement, le travail ne paie pas toujours en politique. Et ils me disent qu’il faut continuer et se préparer pour 2020. Moi, je ne suis pas du tout dans ce registre-là aujourd’hui. Je n’ai pas d’état d’âme. J’apprécie ces soutiens mais je n’ai pas envie d’être dans une logique de revanche, de ressentiment ou de rancœur. Il y a eu un vote, démocratique au sein d’un groupe d’élus. J’ai perdu ce vote de peu (NDLR. 12-9) et je m’incline devant ce vote. »
Je n’étais peut-être pas prêt psychologiquement
« D’une certaine façon, je ressens une forme de soulagement. L’envie de succéder à Jean-Claude Boulard était très forte. Je ne l’avais jamais caché. Pour moi, cela se situait en 2020, pas avant. Je me suis investi à fond et je me suis mis sans doute une certaine pression pour être prêt au moment opportun. Le résultat du vote m’a en fait libéré. Lorsque je me suis réveillé jeudi matin, je crois que je n’avais jamais été aussi bien depuis plusieurs mois. En fait, intellectuellement, j’étais prêt à prendre des fonctions plus importantes. J’avais des idées très claires sur le sujet, sur ce que je voulais faire, mais je crois que je n’étais pas prêt psychologiquement à sauter le pas. Ça imposait d’arrêter l’enseignement et cela aurait été un déchirement et probablement des sacrifices dans la vie familiale aussi. Je me suis senti finalement libéré de cette pression. Quand on sait perdre, ça rend plus fort. »
Je vais continuer mon action au service des Mancelles et des Manceaux
« J’ai vu Stéphane Le Foll vendredi. Il m’a très clairement demandé de rester à ses côtés pour poursuivre les missions qui étaient les miennes. On a discuté de la méthode. Avec Jean-Claude Boulard, j’avais une certaine liberté. Il y a des dossiers sur lesquels il n’était pas favorable, mais il me laissait faire et me laissait monter mes projets. Aujourd’hui, je suis prêt à travailler avec Stéphane Le Foll mais dans les mêmes conditions. Il m’a dit qu’il souhaitait que je continue de la même manière. On a eu une discussion très honnête. Nous avons tous les deux une relation qui est très saine. »
2020, une autre histoire
« 2020, c’est totalement mis de côté aujourd’hui. Je considère que le maire du Mans qui sera élu jeudi aura vocation à conduire une liste en 2020 et si j’utilisais les fonctions qui sont les miennes pour entrer en rivalité avec Stéphane Le Foll, ce serait une erreur monumentale. Je reste fidèle aux valeurs d’honnêteté et de loyauté et donc ce n’est pas possible. Certains m’ont proposé de maintenir ma candidature jeudi, c’est impensable. On aurait mis en route la machine à perdre. Ce qui m’importe, c’est la politique que l’on mène au Mans. »
Les défis de Stéphane Le Foll
« Stéphane Le Foll a trois défis. Le premier, c’est avoir une bonne connaissance des dossiers, il en est conscient. L’autre défi sera celui de la proximité avec les habitants. Il faut que l’on retrouve un maire qui marche dans sa ville. Et enfin, il y a l’unité de la majorité. Il y a des gestes qui sont attendus par les autres composantes de la majorité. Je fais confiance à Stéphane Le Foll pour répondre à ces trois défis. »
Propos recueillis par Serge DANILO, Le Maine libre, 13 juin 2014