Le Blog-notes de Christophe COUNIL

Voter Emmanuel MACRON pour préserver les chances de la France

Dans une tribune au « Monde », 160 élus socialistes appellent à voter au second tour pour Emmanuel Macron. Parlementaires et représentants locaux, ils défendent le bilan du quinquennat de François Hollande et prônent l’unité au sein de leur parti. Sans aucune ambiguïté, je suis fier d'être l'un des cosignataires de cet appel.

Le résultat du premier tour de l’élection présidentielle est clair et net. Le face-à-face qui oppose Emmanuel Macron et Marine Le Pen impose un choix sans aucune ambiguïté.

Deux avenirs possibles s’ouvrent devant nous pour le pays. Celui d’une France fermée, repliée, abaissée ou d’une France ouverte, forte, debout. Une victoire de Marine Le Pen conduirait inévitablement à une France divisée avec la violence au bout du chemin, à une France affaiblie économiquement au détriment des plus faibles, à une France isolée diplomatiquement dans le monde, à la fin de l’Union européenne avec des tensions accrues entre les nations.

Il est de notre devoir d’éviter ce cauchemar à notre pays, en votant pour Emmanuel Macron, qui peut préserver les chances de la France, dans un combat majeur. Nous avons pris acte du résultat de la primaire. Benoît Hamon a mené une campagne courageuse et notre responsabilité est aujourd’hui de nous rassembler au nom de l’urgence de la situation, des valeurs que nous portons, de l’action menée depuis des décennies au service des Français.

C’est comme socialistes, qui ont exercé des responsabilités au gouvernement, au Parlement durant ces cinq dernières années, et qui administrent nombre de collectivités territoriales, mairies, départements, régions, que nous apportons un soutien déterminé et raisonné. Notre boussole, en effet, c’est l’intérêt général. Notre conviction est que le vrai progrès social, celui qui s’inscrit dans la durée, demande de prendre toutes ses responsabilités dans l’exercice du pouvoir à tous les niveaux.

Nous revendiquons le travail mené pendant cinq ans au service de la France et des Français, y compris l’effort indispensable de redressement compte tenu de la gravité de la situation héritée en 2012. Les résultats ont tardé, mais ils se manifestent aujourd’hui : création d’emplois, rétablissement des comptes publics et redémarrage de l’investissement.

Nous revendiquons les progrès sociaux accomplis avec la retraite à 60 ans pour les carrières longues, le tiers payant généralisé, la prime d’activité pour 5 millions de personnes, la Sécurité sociale pérennisée et des services publics préservés et qu’il faudra conforter sur l’ensemble des territoires. Oui, l’engagement majeur de François Hollande a été tenu : la jeunesse de 2017 vit mieux que celle de 2012 grâce à l’investissement massif pour l’école, le service civique, les emplois d’avenir et la garantie jeunes.

Le chômage des jeunes est aujourd’hui plus bas qu’en 2012 ; il baisse partout, y compris dans les quartiers prioritaires. Tous les territoires ont retrouvé leur place dans la République, y compris l’outre-mer avec la loi pour l’égalité réelle et la lutte contre la vie chère. L’Etat sera intervenu sans relâche auprès des Français les plus fragiles, répondant à cet impératif de justice qui nous anime : donner plus à ceux qui ont moins. Ceci mérite d’être entendu et défendu avec force. Oui, la situation de la France est meilleure en 2017 qu’en 2012, même si de nouvelles conquêtes restent toujours à proposer et rien ne justifie les programmes brutaux proposés par la droite.

Nous sommes conscients du moment historique qui est le nôtre. Le capitalisme est mondialisé et financiarisé. La troisième révolution industrielle – celle du numérique et des nouvelles technologies – bat son plein. L’urgence écologique n’est plus à prouver. L’exercice de la démocratie s’inscrit dans un contexte nouveau, celui de la démocratie numérique bien sûr, mais aussi d’une démocratie individualiste et sceptique.

L’immigration a changé d’ampleur et de nature, entraînant l’essor de nationalismes de rejet. La crise de l’Union européenne est réelle, concrétisée par le Brexit. Le monde connaît des bouleversements majeurs avec le poids sans précédent de la Chine, les visées expansionnistes de la Russie de Vladimir Poutine, le néoconservatisme des Etats-Unis de Donald Trump et l’émergence d’un terrorisme mondialisé. Voilà ce qui doit être au cœur du débat politique. Cela devrait discréditer les discours démagogiques et les formules faciles.

Nous revendiquons notre culture sociale-démocrate qui, par-delà la diversité des situations, dans un monde et des sociétés complexes, vise à concilier l’économie de marché, les exigences écologiques, la réduction des inégalités, la démocratie sociale pour réduire les conflits et préserver les libertés individuelles. La méthode du compromis est bien plus efficace pour transformer la société de manière durable que les interdits et les formules chocs.

Fidèles à l’idéal socialiste et au message de Jaurès, nous poursuivons le chemin du progrès humain sans pour autant relâcher les efforts indispensables pour le rendre possible. Oui, nous avons besoin d’une croissance économique durable et d’entreprises fortes pour permettre la création d’emplois et la redistribution sociale. Le sérieux budgétaire et l’amélioration de la compétitivité du pays sont un acquis important du quinquennat pour l’avenir de la gauche.

De la même manière, la lutte résolue contre le terrorisme et le renforcement de l’ensemble des forces de sécurité pour faire face à cette menace nouvelle sont à porter au crédit de la gauche. Mais de nombreux progrès restent à conquérir. La protection de demain demande la définition de nouvelles garanties collectives – à partir du compte personnel d’activité – qui doivent être directement attachées à la personne. La lutte contre les inégalités impose que la priorité soit donnée encore et toujours à l’éducation, à la formation et à l’accès à la culture, avec une dimension nouvelle : la redistribution patrimoniale.

Socialistes et écologistes, nous savons que le progrès social ne peut plus se penser hors du progrès environnemental. Fiers du succès de la COP 21 et de la loi sur la transition énergétique, nous croyons plus que jamais à la réalisation d’un mix énergétique qui diminue progressivement la part du nucléaire et pensons que l’investissement en matière environnemental peut être source de progrès, d’efficacité énergétique, de gains de productivité et non un prétexte de plus à la décroissance.

Socialistes, nous restons fidèles à nos principes républicains. La République sociale et laïque, portée historiquement par le socialisme français, à travers les heurts de notre histoire, demeure notre bien commun, avec un impératif : unir étroitement la démocratie politique et la démocratie sociale. Elles ont besoin l’une et l’autre d’être renouvelées, mais elles sont essentielles. Les recherches de participation individuelles, aussi utiles qu’elles puissent être, ne doivent pas faire oublier l’importance des partis politiques, des syndicats, des associations qui donnent une stabilité et un cadre à la vie démocratique.

Fidèles à notre idéal européen, nous réaffirmons la pertinence de ce projet historique, ciment de la paix, facteur de rapprochement entre des peuples jadis bellicistes et revanchards. C’est une tâche difficile, marquée inévitablement par des combats entre forces politiques, où les socialistes européens ont manqué de volonté au tournant du siècle dernier. Sortons du médiocre statu quo actuel pour reprendre l’initiative, réformer la zone euro, faire de la recherche et de l’énergie des priorités pour l’Union. Enfin, face au terrorisme, aux conflits armés qui se développent à ses frontières et aux cyberattaques, l’Europe doit assumer une responsabilité collective.

Telles sont nos valeurs, telles sont nos convictions. Nous les avons défendues depuis mai 2012. Dans un contexte difficile et hélas tragique, nous avons affronté la réalité et assumé l’exercice du pouvoir. Ce sens de la responsabilité associé aux valeurs que nous portons fonde aujourd’hui notre identité politique. C’est elle qui nous guidera à l’avenir. C’est au nom de cette identité politique que nous allons mener le combat contre le Front national. Elle impose notre rassemblement et notre unité.

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